Sac au dos

Sac au dos
Recréation Séoul Festival International de Danse (SIDance) 2018

Un spectacle de

Florent Mahoukou

Danse / Congo Brazzaville/France

Production et diffusion 

STUDIO MAHO PERFORMANCE

Synopsis 

 

Un homme seul, avec six écrans, et son bonhomme comme son ombre, Florent Mahoukou rescapé du génocide 1998 au Congo-Brazzaville, creusent dans les souvenirs enfouis sous des tonnes d’images inavouables, inavouées. Il dit l’insolence d’échapper au massacre, l’indécence de la survie, ils dansent l’indicible et la vanité des mots.

C’est un seul homme qui raconte l’histoire,

Un seul homme témoin d’un massacre dont il fut le seul homme,

Un seul homme auteur d’une présence dont la fiction du récit ne peut que le rendre absent parmi les morts.

Pourtant c’est lui qui est mort, et pourtant c’est lui qui parle.

Pourtant c’est lui qu’on a tué, et pourtant c’est lui qui raconte.

Pourtant c’est lui  qui dit « je », mais le « je » est mort et il est devenu le « il  » de ce jeu arbitraire. Le théâtre de la narration de son histoire où toutes les personnes du verbe n’existent plus, aussi bien qu’il n’y a pas de nombre, il n’y a pas de genre, pas de singularité, pas d’identité, pas de sens. Et donc on a tué pour rien. La pureté du hasard. Le pur coupable. Oui.

Note d’intention

 

La création artistique est l’un des seuls espaces qui nous offre la possibilité de dire, exposer, crier, parler, exclamer, mais aussi celle de nous taire.

La problématique universelle de la mondialisation et des enjeux de nos sociétés, fait ici écho au vécu d’un homme, à son histoire intime, inacceptable et dérangeante.

Comment des faits très personnels peuvent finalement arriver à tous ?

Comment la société peut aussi vite oublier, banaliser des faits si graves ?

Comment oublier cette souffrance ?

Le vent qui est passé nous a soufflé des choses,

Pas à l’oreille du tout,

Mais dans les corps,

Des corps qui cherchent à comprendre ce grand petit vent qui a duré un petit grand temps de notre existence.

 

Même lorsqu’on décide de faire des choses avec notre tête,

le corps réagit d’une autre façon.

 

Nous avons besoin de parler.

D’en parler pour faire souffler d’autres vents à nos corps qui ne restent que dans un qui-vive perpétuel accentué par d’autres faits bien loin de ce vent.

 

Ce vent est bien sûr passé dans plusieurs endroits,

Mais celui que tu vis n’est jamais comparable à celui des autres,

Car c’est toi qui le vis et le ressens.

 

Parfois on arrive à dire :

 Vivre une chose est parfois moins douloureux que de l’avoir entendue.

C’est possible, mais lorsque c’est à soi-même que cela arrive,

 Le monde s’écroule sur nous

Note explicative

 

On a tous avec soi, une valise de passé, un sac de souvenirs. Des gros, des petits, des douloureux. Ils nous encombrent, ils nous protègent. Ils sont nos compagnons de survie.

Florent Mahoukou porte le très lourd sac du Génocide 1998 qui a connu son pays le Congo, dans l’assourdissant silence des nations.

Alors, il cherche à exorciser le passé, à dire la mémoire et ses plaies, la mort côtoyée de si prés. Il creuse dans les souvenirs enfouis sous des tonnes d’images inavouables, inavouées. Il dit l’insolence d’échapper au massacre, l’indécence de la survie. Il danse l’indicible, la vanité des mots.

 

Un rescapé, Florent Mahoukou cherche un moyen d’explorer un moment, une période de son existence qui est restée gravée dans sa mémoire,  son corps.

Une blessure qui se cicatrise petit à petit avec de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres, mais pour autant cette blessure est encore là, présent enfuit dans une partie du corps, de la tête, des mémoires du corps.

 

« Nous étions une soixantaine d’hommes, à genoux, sans question, donc aucune réponse. Sans savoir quoi, quoi dire, pourquoi et comment. Un sac au dos, une voie dans l’obscurité, un temps qui s’éteint, fixe devant moi, pas moyen de réagir, car nous sommes dans l’inaction et que le temps ne peut plus se compter, puisqu’il est lui aussi resté immobile. »

 

Le corps d’un homme, la musique d’un autre.

Des photos projetées, la preuve d’exister et des souvenirs

Des marionnettes, des écrans aussi.

Voici les vecteurs choisis pour essayer de dire, de vider ce sac toujours lourd à porter.

 

 

Le corps a vécu des expériences qu’on ne vit pas tous les jours,

tous les jours ne se ressemblent pas.

Pour autant, ces expériences restent gravées dans la mémoire de ce corps, même lorsque qu’il cherche à vivre d’autres expériences,

et que tes yeux envoient l’image d’un vent nouveau, de nouvelles impulsions.

 

C’est simplement moi qui suis encore dans ce vent. Parlons-en !

Ce vent, c’est l’amour de la survie, la réalisation de l’importance pour nous de vivre.

Face à la terreur, la vie n’a plus d’importance, le seul remède, c’est de ne plus être.

 

Mais lorsqu’un autre vent passe, te souffle une autre chose incompréhensible,

Tu sursautes alors, tu ramasses tes pieds,

 tu soulèves ton corps pour le mettre à l’abri du vent chaud, non, du froid, non… A l’abri.

 

Ce qui s’est passé se répète toujours et toujours

Je cherche d’autres mots pour en parler

J’ai bien envie de ne pas répéter les mêmes choses, celles que tout le monde a déjà dites.

 

Mais je n’ai pas le choix.

C’est la mienne, c’est aussi mon histoire !

Non, pas une histoire,

C’est le mien, un vécu de moi pour moi à moi