Là où j’en suis
Aujourd’huiCréation Festival Instance2014

Châlons-sur-Saône

Performance  proposée par Florent Mahoukou

Là où j’en suis aujourd’hui questionne notre part d’individualité, notre rapport à l’identité, à la différence, à l’idée du mélange, notre sens de bienvenue. Elliptique et ponctuée d’exhortations, la pièce est un voyage initiatique au plus profond de soi à travers le brouillon d’un rêve porté par un nègre presque ordinaire. De cette projection de soi jaillira le monde confus dans lequel les interprètes livrent leur pensés corps à corps contre l’apriori, les stéréotypes, la peur irrationnelle du différent et la banalisation d’une domination nourri du mythe de Cham.

 

Florent Mahoukou prend à bras-le-corps la question de l’individu dans divers dimensions possibles en mettant en espace un puzzle du vivant en permanente évolution teinté d’ironie. Afin de développer un regard diffèrent sur l’esthétique du corps du danseur Africain pour remédier à l’ignorance et à la méconnaissance généralisée.

Comment est né « Là où j’en suis… »?

 

 

« Là où j’en suis aujourd’hui » est parti du projet d’expérimentation « Check One »

 

Check one, réalisé entre juillet et septembre 2013 dans le cadre de « Visa pour la création » programme de l’Institut Français de Paris et présenté le 27 septembre 2013  pendant  Les Plateaux de La Briqueterie / CDC du Val de Marne, a d’abord constitué un premier laboratoire d’expérimentation de chemins jusqu’alors inconnus dans ma démarche chorégraphique. J’ai ensuite eu envie de poursuivre ce travail avec l’ensemble de la compagnie.

 

« La création artistique est l’un des espaces qui nous offre la possibilité de dire, d’explorer, de crier, de parler, d’exclamer, mais aussi celle de nous taire. »

 

Suite à Check One, j’ai rapidement ressenti le besoin de retracer mon parcours de danseur jusqu’à mes premiers souvenirs. Je me suis alors rappelé de Chrysongone Diangouya le premier pionner de la danse contemporaine au Congo et de Nsiété Godefroy surnommé « Godet », l’un des premiers danseurs de la nouvelle expression au Congo qui a beaucoup influencé ma génération. Les premières pistes de « Là où j’en suis aujourd’hui… »  me sont apparues dans ses questionnements. Pourquoi je danse ? Pour qui je me meus?

 

Quelles sont les représentations, les attentes du public occidental venant voir l’œuvre d’artiste congolais (Africain) ?

Comment le « pourquoi je danse » peut rencontrer les attentes du publics ?

Jusque où suis-je capable d’aller ?

Note d’intention chorégraphique

 

A travers « Là où j’en suis aujourd’hui », je souhaite développer un regard diffèrent sur l’esthétique du corps du danseur Africain en cherchant à déconstruire des stéréotypes hérités de la traite négrières et de la colonisation.

Comment faire pour casser ses images persistant depuis la fin du 19eme siècle?

 

Grace à une réflexion collective avec des danseurs chorégraphes de différents pays du continent africain et de la diaspora, je souhaite faire émerger les positionnements que nous avons pu intégrer, ce que l’on fait pour répondre au stéréotype, que nous pensons nous même que les européens ont des artistes africains

Représenter une Afrique misérabiliste aux cartes postales ? Guerre, misère, famine…  de son incapacité à « entrer dans la modernité »

Etre persuadés que le sens du rythme nous est naturel ou exhiber nos abdos…

 

Ces préjugés sont-ils partagés par les occidentaux et les africains eux-mêmes ?

Les artistes de ce continent doivent faire preuves d’opportunisme et de démagogie afin de vivre ou survivre de leurs arts ?

Dans quelle mesure se compromettent-ils par rapport à leur vision artistique ?

Se fondre dans le moule attendu est parfois une solution pour survivre dans un monde de l’art qui n’est pas exclus des stratégies financières et de pouvoir ?

Jusqu’où sommes-nous prêt à aller ?

 

Ce projet s’inscrit dans une démarche de confronter les regards intercontinentaux.

Il a pour objet de faire émerger les préjugés communs que peuvent avoir les artistes de différents pays d’Afrique à propos de ce que l’on attendrait d’eux en Occident.

L’enjeu est donc de créer une occasion de débats, de rencontres entre différents acteurs de ces préjugés qui se côtoient beaucoup mais ne conscientisent pas forcément le mécanisme dans lequel ils se trouvent.

Ce spectacle est comme un rituel de passage pour les artistes et les spectateurs afin qu’ils soient initiés à une autre réalité….

L’utilisation de la peinture prend une place importante entant que vecteur de couleurs et de formes dans « Là où j’en suis… », les couleurs interrogent les corps, les décors, les transforment,…

Un voyage initiatique comme matérialisation de passage d’un état à un autre, du profane à l’initié.

Une structure composée de 4 slacklines qui représentent les différents chemins possibles, pour enrichir la technique corporelle par des sensations nouvelles reliées au bouleversement de l’espace habituel. Le corps jouera entre élan, équilibre et adrénaline dans une circulation chorégraphique, en rapport direct avec la gravité et la hauteur. La pièce s’orientera en rapport direct avec la partenaire Slackline, à hauteurs, de 3 mètre du sol et 2 mètre entre elle, afin de sensibiliser le corps dans l’instant immédiat et affiner la présence et la conscience jusqu’aux regards.

 

Pour compléter le propos une commande de texte a été faite à Hédi Tillette De Clermont-Tonnerre, écrit mettant en perspective l’histoire de la danse contemporaine au Congo en Afrique. Je m’interroge sur la place qui est la mienne. Un « JE » qui se partage !

 

Extrait du texte :

D’où je viens, où j’en suis ? Ou vais-je dans la danse ?

« Chercher donc, au milieu des quartiers, multiplier les allers retours, inviter aussi, écouter les autres regarder pour la première fois qui je suis, d’où je viens, là où j’en suis, de là où je danse.